• L’arbre

    Rina Lasnier

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    J’avais un grand arbre vert

    Où nichait mon enfance ailée,

    Un arbre grand troué de lumière

    Qui remplissait le haut de mon âme.

     

    J’avais de douces branches vertes

    Où chantait mon enfance triste,

    Des branches vertes et sonores

    Qui répétaient les chagrins de mon âme.

     

    J’avais mille feuilles vertes

    Où palpitait l’élan de mon enfance,

    Des feuilles lisses et captives

    Comme les oiseaux de mon âme.

     

    J’avais un grand arbre vert

    Où se dénouait la fleur de mon enfance,

    Pour quel printemps, pour quelle abeille ?

    Pour quelle joie, pour quelle souffrance ?

    poèsie


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  • L’homme et l’oiseau se regardèrent.
    – Pourquoi chantes-tu ? Lui dit l’homme.
    – Si, je le savais, dit l’oiseau,
    Je ne chanterais plus peut-être.

    L’homme et le chevreuil se croisèrent.
    – Pourquoi joue-tu ? Demanda l’homme ?
    – Si je le savais, dit la bête,
    Est-ce que je jouerais encore ?

    L’homme et l’enfant se rencontrèrent.
    – Pourquoi ries-tu ainsi ? dit l’homme
    – Si je le savais,dit l’enfant,
    Est-ce que je rirais encore ?

    Et l’homme s’en alla, pensif.
    Il passa près du cimetière.
    – Pourquoi penses-tu ? dit un if
    qui poussait dru dans la lumière.

    Et, pas plus que l’oiseau dans l’ombre,
    Que le chevreuil de la clairière
    Ou que l’enfant riant dans l’air,
    L’homme ne put rien lui répondre.

    Maurice Carême


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  • Demain, dès l’aube…

    Victor Hugo
    Laurits Andersen Ring, Route à Naestved, 1890
    Laurits Andersen Ring, Route à Naestved, 1890

     

    Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
    Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
    J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

    Victor Hugo, extrait du recueil «Les Contemplations» (1856)


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  • Victor HUGO
    1802 - 1885

    Chanson (L'Ame en fleur)

    Si vous n'avez rien à me dire,
    Pourquoi venir auprès de moi ?
    Pourquoi me faire ce sourire
    Qui tournerait la tête au roi ?
    Si vous n'avez rien à me dire,
    Pourquoi venir auprès de moi ?

    Si vous n'avez rien à m'apprendre,
    Pourquoi me pressez-vous la main ?
    Sur le rêve angélique et tendre,
    Auquel vous songez en chemin,
    Si vous n'avez rien à m'apprendre,
    Pourquoi me pressez-vous la main ?

    Si vous voulez que je m'en aille,
    Pourquoi passez-vous par ici ?
    Lorsque je vous vois, je tressaille :
    C'est ma joie et c'est mon souci.
    Si vous voulez que je m'en aille,
    Pourquoi passez-vous par ici ?

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